Le Costume traditionnel se perd dans tous les villes et villages de la Tunisie. Si quelques femmes conservent jalousement un costume de mariage hérité d’une grand-mère ou une tante proche, il n’existe guère de femmes qui confectionnent, comme antan, leur propre costume. Exceptions faites de trois régions Mahdia, Raf Raf et le Cap Bon. Les femmes du Cap Bon, en ville ou à la campagne redoublent de dextérité, de talent de patience et de créativité : tour à tour mère, jeune fille au foyer, la femme au Cap Bon participe au travail des champs assure la maintenance domestique et trouve aussi le temps pour fabriquer, fil par fil, point par point, son costume de mariage ou de cérémonie. De vrais œuvres d’art.
Le costume de la marié et son trousseau furent totalement confectionnés par la futur mariée aidée par sa mère, ses sœurs et ses voisines et dure parfois des années.
Jusqu’à une date récente, tout le circuit de la confection du costume est assuré par les femmes, excepté le tissage sur le métier, qui est réservé à l’homme.
De la toison à la broderie les femmes assurent tout : laver, carder, filer la laine dessiner, broder jusqu’à la fabrication des boutons et des galons.
La dentelle n’est pas du reste, hérité des andalous qui ont introduit en Tunisie cet art, le fameux ricamou, qui le Cap Bon en a su conserver la fabrication.
Les nappes, serviettes, literies sont brodées aussi par les femmes.
Le trousseau de la jeune fille, réalisé par des femmes gardiennes de la tradition, comprend toujours plusieurs pièces tissées et brodées : des tuniques et tuniques-chemises, courtes, longues, amples et droites. Les gilets, les drapés-robes en laine ou en soie sont réservées aux femmes mariées.
La variété des tissus, laine, soie, coton, lin, velours s’ajoute à la richesse des matériaux : fil d’or, fil d’argent plat, paillettes, cannetille, galons, galons, boutons, broderie, dentelle mécaniques ou faite à la main, rubans et rosaces. Ils entrent tous dans l’ornementation du costume féminin du Cap Bon.
Il est rare de trouver au Cap Bon et notamment à Hammamet et Nabeul, une famille sans « gorgaf », ce fameux métier à broder en bois blanc instrument autour duquel s’organise le travail de la brodeuse. Ce métier n’est jamais libre, toujours occupé par un vêtement en cour de confection.
Le costume passe par plusieurs étapes, le trousseau est composé de plusieurs pièces dont la coupe varie très peu. D’abord la couturière, opère à la coupe dans des tissus divers, arrive la « rassama » qui dessine les motifs. Des motifs qui vont du linéaire aux modules très variés et imagés. Lignes droites, brisées ou ondulées, tiges accompagnant fleurs et feuillages, des points et des étoiles ainsi que des motifs végétaux et floraux. Motifs géométriques et symboliques s’ajoutent d’autres éléments prophylactiques, tels la main et le poisson.
Le décor est complété par des galons en fil d’argent et de soie, et de boutons fabriqués par des spécialistes.
La vaste panoplie de costumes traditionnels au Cap Bon dont le plus riche et le plus varié est celui de Hammamet et puis Nabeul se compose de plusieurs pièces les une plus belle que les autres. Au centre de la médina de Hammamet se dresse un sympathique Musée de costume masculin et féminin et présente la majorité des pièces souvent rares.
Une autre variété de produits de broderie sont confectionnés à la main et le plus souvent à domicile : nappes, serviettes, couvre-lit, coussin sous-vêtements tous brodés selon le point de croix appelé dans tout le pays ghorzat Nabel, le point de Nabeul. Pour lutter contre la disparition de ce genre de broderie, une nouvelle Dar Maallama, l’atelier de la patronne brodeuse, est ouvert à Nabeul encouragé par la Direction Régionale de l’Artisanat pour que la description de Pierre Lisse en 1950 reste vivace. Voilà comment ce chercheur infatigable et directeur de l’artisanat à Nabeul qui nous laissé des dossiers complet sur l’artisanat au Cap Bon. « Dans l’ombre fraîche de la sqîfa (vestibule) d’entré ou le calme d’une courette intérieure aux murs fréquemment blanchis à la chaux, de jeunes brodeuses demeuraient des journées entière penchée sur leur métier. Elles rêvaient au jour tant attendu où elles auraient la fierté de se monter à leurs amies et à leurs fiancé, parées comme des reines de légende ou de princesses byzantines ».
Le costume au Cap Bon comme on l’avait dit nécessite le savoir-faire de plusieurs femmes, chacune assurant une étape de la confection du tissage de la laine, à la teinture, au traçage du dessin, rchima,à la broderie, triza et enfin à la couture, tahrij
La panoplie est composée de Kisawa Kbira, traditionnelle tenue de mariage, le Kaftan, tunique ample, la Jebba matrouza, une tunique brodée, Jebba akri, tunique bicolore noir et rouge, le Kadroun, et puis la Souria et Séroual, chemise et pantalon, le Boustou, soutien-gorge brodé, la Kmajja, tunique en bandes de soie brodée, la Farmla , gilet brodé, la Taguilla , sorte de coiffe et le fameux Tmak , chaussure également brodé.
Le tout est valorisé par une panoplie de bijoux traditionnels.