Relation des voyageurs arabes
«Djazirar Chariq est un district (iqlim) dont le, chef-lieu Menzel Bachou est une grande ville qui dépasse Sousse par ses revenus et son apport fiscal (. ..) et qui a ses foires et marchés.»
IBN HAWQAL – Xe siècle
« … Du cap d’Iqlibiya à Al-Munastir il y a une journée de navigation. D’Iqlibiya on se rend sur une distance de sept milles à Qasr Abi Marzouq, de là à Qasr Libna huit mille ; de là à Qasr Saâd quatre milles ; de Qasr Saad à Qasr de Qurba huit mille ; puis au Cap Tousihan dix milles. Le Cap de Tousihan s’avance dans la mer sur un mille et demi, dans le golfe il y a quatre milles.
De Tousihan au château de Nabil il y a huit milles ; Nabil était autrefois une ville très grande et populeuse … Du château de Nabil à Qasr al-Khayyat il y a huit milles, ce dernier lieu est à environ deux milles de la mer. De Qasr al Khayyat à Qasr al-Nakhil il ya a six milles, puis au Cap d’al-Hammamet sept mille. De ce cap, en se retournant par voie de terre à la ville de Tunis, il y a une forte journée de marche. Cette journée représente la largeur de la presqu’île appelée Jazirat Bashou…
Al-Idrissi (Géographe du XII ème siècle)
Le cap appelé Taraf al-Hammamet consiste ne un château fortifié situé sur un cap et qui s’avance sur environ un mille dans la mer. D’al Hammamet à al-Manar, qui est un château, il y a cinq milles ; ce château est à une certaine distance de la mer… ». « Nous sommes passés près de Hammamet, une petite ville aux remparts blancs, mais qui ne semble pas intéressante. Elle est décadente et la vie urbaine y est très limitée. C’est une ville au bord de la mer et je ne l’ai pas visité parce qu’elle ne m’a pas attiré en plus on m’a raconté qu’elle est affaiblie ».
Al Abbari
Voyageur marocain de la fin du XIII ème siècle
« Au mois de Dhul-Hijja de l’année 702 (Juillet 1303) des pirates sont arrivés à nos côtes dans neufs navires armés par le Roi d’Aragon, ils ont attaqué la région de Hammamet où ils ont pris un village au nom de Manzil Zayd, ils ont tué des gens, capturé d’autres et pris des femmes et des enfants, il ont incendié et détruit le village puis se sont retirés avec ce et ceux qu’ils ont pris ».
Lettre officielle émanant de la chancellerie hafside
en 1306 et adressée au Roi d’Aragon
« Quand la mer dépasse la ville de Tunis vers l’Est à 90 miles, elle forme un golfe et sur la pointe du golfe se situe une ville au nom de Hammamet. Celle-ci est proche de Tunis par voie terrestre, alors que par mer c’est un grand détour qui sépare les deux villes. A l’Est de Hammamet se trouve la ville de Sousse ».
Abou’l Fida (géographe oriental du XIV ème siècle)
Après un long parcours le long de la côte provenant d’Alexandrie, notre voyageur débarque à Hammamet le 16 mai 1339 en voilà le récit : « Nous avons atteint le Port (marsa) de Hammamet, petite ville proche de la capitale Tunis, j’y ai débarqué le Lundi 6 dhul qiada de l’année en cours (739) au milieu de la journée/16 mai 1339. Je l’ai quitté le mercredi 8 du mois en cours (18 mai) en milieu de journée pour aller à Tunis que j’ai rejoint le jeudi 9 du mois en cours (19 mai) ».
Al-Tijani (voyageur tunisien qui serait passé près de Hammamet au début du XIV ème siècle
«Lorsque l’insurge Ali ibn Ishaq de Majorque eut occupe la presqu’île…, il vint mettre le siège devant Menzil Bachou. Les habitants, lui ayant demandé l’aman (clémence), il le leur accorda. Mais, ses soldats, pénétrant dans la ville, la pillèrent de fond en comble, enlevant aux habitants jusqu’a leurs vêtements de corps… Effrayes, les habitants furent obligés de s’enfuir tous vers Tunis; Ils s’y installèrent entre les deux remparts. L’hiver, avec ses rigueurs les surprit la et l’on dit que plus de douze mille d’entre eux moururent de faim et de froid. Ceci se passa en 1186.»
Al-Tijani, 1308
De qasr al-manar dont il donne la description, il a pu observer la ville de Hammamet : « Nous somme arrivés à l’édifice connu par le nom d’al-manara, c’est une édifice de forme circulaire, de hauteur importante, il est construit en pierres de tailles carrées et de grandes tailles. On attribue sa construction à Ibn al-Aghlab, celui qui a construit ces Châteaux et forts africains qui relient Bahr al- Zuqaq (détroit de Gibraltar) jusqu’à Alexandrie… Et de là nous avons pu apercevoir la petite ville connue par le nom de Hammamet, c’est une ville au bord de la mer … ».
Khalid Ibn Cissa Al-Balawi
(voyageur andalous qui passe par la ville en 1933)
« En l’année 760 H /1359 – 1360, les Chrétiens ont attaqué la ville de Hammamet et l’on vidée de ses biens, ils sont restés deux jours à charger ce qu’ils ont pris ».
Ibn al-Shammac
(chroniquer tunisien de XV ème siècle)
« Parmi ses oeuvres, (Abi Faris ‘abd al-‘aziz al-Hafsi) la restauration des fortifications du littoral (Maharis) pour protéger les Musulmans comme Ras Adar (Kélibia), Hammamet, Monastir, Rafraf et tant d’autres… » (Notons qu’à l’entrée du fort et à droite se trouve l’inscription qui commémore cette restauration).
al-Zarkashi
(chroniqueur tunisien du XV ème siècle
« Al-Hammamet, une ville nouvelle construite par les Musulmans qui l’ont enveloppée par des remparts solides. Elle est située à Cinquante miles de Tunis, habitée par des gens pauvres et démunis. Ils sont des pêcheurs, charbonniers et tisserands. Le pouvoir (fin du règne hafside) des accable d’impôts au point qu’ils sont dans cet état ».
Léon l’Africain
(fin du XVI ème siècle et Marmol Karabajal)
« Quand les Turcs ont été poursuivis par l’ennemi (les Espagnols) et ils ont compris qu’ils ne pouvaient résister, ils se sont enfuis dans l’île d’Abi Sharik (le Cap-Bon). Ils sont arrivés à Hammamet. Les habitants de la ville leur ont fermé les portes au nez. Les Turcs les ont suppliés pour avoir des provisions, ce qu’ils ont refusé et ils ont accroché une chienne (Sloughiya) morte, au dessus de l’une des tours du fort qui porte aujourd’hui le nom de Borj al-Sloughiya et ils ont dit aux Turcs c’est ce que nous avons.
Les Turcs ont passé la nuit sur place avec l’intention de continuer leur chemin vers Kairouan où se trouve Haydar Bacha.
Mais quand ils ont décidé de se diriger vers Kairouan (après leur défaite face aux espagnols à Tunis), les Chrétiens les ont pour suivie par jusqu’à Hammamet. Ils n’ont par trouver de refuge, leur chef leur dit qu’il n’y a d’autres choix que celui de résister à l’ennemi et seul Dieu peut assurer la victoire…
Les Turcs ont réussi à battre les chrétiens dans la région de Khanguet al-Hammamet et les ont pourchassés, après quoi ils se sont retournés à Hammamet. Ils ont assiégé la ville qu’ils prirent de haute lutte, ils ont tué ceux parmi les hommes qui n’ont pu fuir. Ils ont capturé les femmes et les enfants, pillé les biens des habitants. En un mot, ils ont fait ce qu’on ne peut décrire.
Alors le cheikh al-Jdidi est intervenu pour reprendre les femmes et les enfants et assurer la sécurité aux fugitifs qui sont rentrés sains et saufs ».
Ibn Abi Dinar
(chroniqueur du XVII ème siècle)
« … Dans la même année (1602) ; les mêmes galères allèrent en Berbérie pour faire quelques autres entreprises… Je m’embarquai comme aventurer de même qu’au précédent voyage ; nous abordâmes et primes une ville appelée La Mahomette. Voici comme : Nous arrivons en vue de la terre la nuit d’avant l’entreprise, nous avançons un tout petit peu jusqu’au jour où nous nous trouvons tout auprès le général nous ordonne de nous mettre des turbans en tête et de dégréer des trinquets de façon à ce qu’on nous prenne pour les galiotes de Morato Reis ; c’est ce qui advint. Il est vrai que nous avions arborés des gaillardets turcs et que nous jouions à la turquesque, du tambourin et du haut bois… grâce à quoi nous avons pu jeter l’ancre tout près de terre. Les habitants de la ville sortent presque tous à notre rencontre, hommes, femmes et enfants.
Trois cents hommes étaient désignés pour l’affaire, ils la mènent grand train, attaquent les portes … voilà la ville prise des trois Cents, j’en suis. Nous capturons toutes les femmes et les enfants, quelques hommes, presque tous avaient fui, nous entrons dans la ville, nous la mettons à sac, méchant butin, car ces gens là sont de pauvres vagabonds. On embarque 700 âmes et le méchant butin, surviennent alors plus de 3000 maures, tant à cheval qu’à pied. Alors nous mettons le feu à la ville et embarquons… ».
Le Capitaine Alouso de Contreras aventurer espagnol qui « participé avec les chevaliers de Malte à la prise de la ville en 1602 : « Hammamet est une très petite ville bâtie au pied des montagnes, immédiatement sur les bords de la mer, qui en baigne les murs, lesquels forment un parallélogramme dont les grands côtés n’ont que 200 mètres et les petits 100 au plus. Il y existe, à l’un des angles, une mauvaise Kasbah avec une petite garnison de Turcs et Coulouglis. Comme la ville est bâtie sur une aire de roche, il n’y a ni boue ni poussière, et elle est, par conséquent remarquable par sa propreté. La population n’en est que de quinze cents âmes au plus, mais sa campagne et ses jardins comptent plus de mille habitants disséminés dans diverses maisons des champs ou groupés en petits hameaux.
Au résumé, cette localité n’est pas sans importance agricole ; sous le point de vue maritime, elle n’en a aucune, quoiqu’elle donne son nom au golfe au fond duquel elle est située. Je n’y ai pas trouvé aucune barque ».
Pellissier de Reynaud voyageur
Français du milieu du XIX ème siècle
Textes arabes traduits par M.T. Mansouri